Lutte contre le Covid-19 : Succès Masra propose 2000 milliards FCFA

En réponse au Covid-19, pour permettre aux Tchadiens de « quitter la vie de prison et la cour de prison pour un nouveau monde », le leader du parti Les Transformateurs, Dr Succès Masra monte un plan économique, social et politique intitulé : « De la vie de « Dangaye confiné » à la vie de « Liberté gagnée ». Succinctement, ce sont 20 propositions pour dit-il, transformer l’adversité du covid-19 en une opportunité pour le Tchad.

DN

Comme le monde entier qui se trouve au bord du gouffre face à l’adversaire commun, le Covid-19, le Tchad est sans doute embarqué dans le bateau ivre qui tangue sous les eaux troublantes non pas, par manque d’un plan de riposte contre les pirates sécuritaires et sanitaires mais du manque de maîtrise du gouvernail par le commandant de bord qui n’utilise pas à bon escient ses torpilles.

 Dans ce moment inouï de peur et de douleur pour cause du virus insaisissable, chacun doit se mettre à la manœuvre par des réflexions poussées. Selon les propres termes du leader de Les Transformateurs, les grandes transformations s’opèrent dans des situations de crise. « Si nous n’agissons pas maintenant, rapidement et différemment, avec le Covid19, nous vivrons une situation sociale triplement pire que la période des 16 mesures dont le pays n’était jusque-là encore sorti», disait Succès Masra.Selon lui, un nouveau monde se dessine devant le monde et les habitudes de consommation. Ainsi, les modèles économiques vont être remis en cause. Pour le  Covid-19 avec ses effets amplificateurs, le timide plan de 15 milliards FCFA (23 millions d’Euros) n’est pas, selon Succès Masra, à la hauteur des enjeux pour le Tchad, par rapport au plan de riposte du Niger qui fait face aux mêmes enjeux sécuritaires et sanitaires mais qui a élaboré un plan de riposte contre le Covid-19 à 700 milliards de Francs CFA.

Les chocs socioéconomiques en cours

En effet, le cours du baril du pétrole que le Tchad avait espéré à 60 Dollars pour son budget 2020 est divisé par trois. Et, avec la décote sur la qualité du pétrole tchadien, ce sont 500 milliards de FCFA sur les 1210 milliards qui seraient ainsi partis en fumée ; c’est-à-dire plus que ce qu’il faut pour payer les « maigres » salaires des fonctionnaires Tchadiens confrontés à l’inflation sur les marchés. Ceci, sans compter l’effet baisse de l’activité économique qui a ralenti les importations et les consommations ainsi que la baisse du chiffre d’affaires des entreprises et donc les rentrées d’impôts et droits de douanes.

Projection incertaine de la croissance économique

La timide hypothèse de croissance du budget 2020 est à dans l’eau. Pareil pour le Plan National de Développement (PND), 2017-2020, prévu avec un taux de croissance de 3% minimum qui  finira sa course par une décroissance. Obligé, faute de liquidités, de rembourser sa dette de 100 millions de dollars vis-à-vis de l’Angola en faisant un troc inédit (têtes de bœuf contre dollars, un service de la dette non prévu dans le budget national) et qui paie difficilement les 50 milliards FCFA de la dette intérieure cumulée déjà à 1500 milliards, selon Succès Masra, il y a donc un effet cumulé, une sorte de Covid-20 caché derrière ce Covid-19.  « Il y a donc sans l’effet du Coronavirus, déjà un retard d’au moins 10% de croissance à rattraper sur les 5 prochaines années pour retrouver le niveau d’il y a 5 ans. Et avec les impacts de ce confinement mondial, quel sera donc l’État de notre pays ? Comme on pouvait s’y attendre, cette promesse non budgétisée de ces 20 000 jeunes à qui on a promis l’embauche et ces autres dizaines de milliers d’autres qui viennent de finir leurs formations et rentrent dans un marché d’emploi fermé hermétiquement et un environnement d’affaires parmi les pires au monde sont  à oublier », avertit-il.

Les finances, un nerf pour remonter la pente : un plan urgent de 2000 milliards de FCFA a été élaboré par Les Transformateurs pour commencer à construire un minimum de résilience et d’oxygène économique et social. A en croire Succès Masra, cela commande un électrochoc conséquent pour relancer la machine économique et sociale, tout en attaquant frontalement les risques sanitaires et humains majeurs à venir. « Les petites mesures ne suffiront pas et tout pansement sans désinfecter les plaies va fatalement nous conduire à l’amputation. Dans des circonstances pareilles, tout le monde comprend aisément qu’il vaut mieux souffrir d’excès de prudence et anticipation que d’absence et de faiblesse de planification », observe Succès Masra. Pour lui, il faut faire feu de tout bois pour mobiliser à la fois l’épargne nationale et internationale puis les appuis des différents partenaires de façon exceptionnelle et innovante. « A besoin de financement exceptionnel, mécanisme de financement exceptionnel et il ne faut pas s’interdire d’essayer des choses exceptionnelles. Il y a des Tchadiens qui se sont beaucoup enrichis ces 15 dernières années de la vente du pétrole Tchadien, parfois de façon totalement illégale. C’est l’occasion pour eux aussi  de se racheter en redonnant pour la dignité de notre peuple. Cela en plus des autres mesures de financement plus classiques et sûres qui feront face à la difficulté due au fait que chaque pays cherche à éteindre d’abord le feu chez lui », argumente-t-il.

Les stratégies des Transformateurs

Plus concrètement, il est à réajuster le budget 2020 pour l’année en cours 700 milliards au lieu de 1210 milliards de nos francs. Ensuite mobiliser sur 2020-2021 environ 500 milliards frs au niveau des différents partenaires dans le Cadre du Covid-19 (FMI, BAD, Banque Mondiale, BADEA, BID, Afreximbank) ainsi que d’autres soutiens bilatéraux ( pays partenaires) aussi bien pour le secteur public et privé.  ;  mobiliser un financement régional d’un montant de 200 milliards FCFA en ayant recours à des instruments existants et les instruments des circonstances exceptionnelles (la BDEAC, la BEAC, les Banques commerciales seront ainsi mises à contribution) ; enfin développer des mécanismes innovants pour mobiliser environ 600 milliards Frs (mobilisation d’investisseurs privés avec des facilitations attractives et incitatives ; récupération partielle des fonds publics détournés soit par des accords de compromis (mettre à contribution les services de l’État y compris les renseignements, l’inspection générale etc.) ; soit par des poursuites judiciaires en identifiant pour certains, les signes extérieurs de détournements publics ( niveau de richesse et biens immobiliers et financiers manifestement supérieurs aux revenus et à l’activité ou métier en leur opposant l’inversion de la charge de la preuve pour justifier l’origine de ces ressources) ; émission d’un « Emprunt National de Dignité » à l’endroit des Tchadiens de l’intérieur et de la Diaspora qui veulent aider la nation en temps de crise, en ayant un titre de reconnaissance amortissable sur une décennie (et tous ceux qui y auront souscrit bénéficieront en plus du coupon, d’une reconnaissance de l’État pour service rendu en temps de crise) ; la valorisation de tous les actifs et choix de cession de certains à des investisseurs en quête d’opportunités en temps de crise ;  valorisation des fonds de prévoyance sociale et autres ressources publiques ; économie par la bonne gestion  des ressources et les renégociations audacieuses d’annulation des dettes).

La clé de répartition des 2000 milliards

Primo, Succès Masra propose 500 milliards Frs pour les dépenses de survie médicale d’urgence et de remise à niveau.  Ceci financera, d’après Succès Masra, les dépenses nouvelles non planifiées dans le budget et qui sont devenues indispensables pour contrer la pandémie du Covid-19. « Elles vont de l’achat des équipements à l’installation des centres de thérapies sur le territoire national avec l’aide des forces de sécurité; ainsi que les dépenses de remises à niveau des équipements sanitaires. Avec à peine 10 lits de réanimation et  un seul centre de dépistage de la maladie pour  les 1284000km2, et une absence de système d’oxygène en quantité pour la réanimation en cas de besoin, point n’est besoin de s’étaler sur l’urgence de mobilisation financière ».

Secundo, il faut une bagatelle de 800 milliards Frs de relance économique et d’accompagnement social dont 400 milliards Frs pour les entreprises et les Banques ( Plan Mortier Économique) ; 300 milliards FCFA d’assistance et accompagnement des ménages (dépenses courantes et incompressibles sur une période de 2 à 3 mois touchant aux biens de première nécessité ; 100 mille FCFA par ménage tchadien pour l’eau, les céréales, l’électricité, …) ; 100 milliards Frs de plan Oxygène Social et Économique pour créer 100 mille emplois  et créations d’entreprises dans le secteur privé à raisons d’1 million 1 emploi au prorata de la population de chaque province.

Tertio, l’Etat tchadien doit disposer de 700 milliards Frs de remise à niveau du Budget de l’État. Il s’agit de retrouver grâce à cette somme, le niveau du budget 2020 dont les hypothèses sont obsolètes du fait du double effet de baisse du prix du baril du pétrole et de la diminution des ressources fiscales et douanières liées à l’affaissement de l’activité économique, sans compter les dépenses additionnelles liées à la guerre contre le terrorisme comme celle dans le Lac, récemment.

Outre ces 2000 milliards à mobiliser, Les Transformateurs estiment qu’il faut instaurer la méthode systémique et holistique dans la gestion de cette crise qui est multidimensionnelle. « Le Covid-19, ce n’est pas seulement une crise sanitaire, c’est une crise aux conséquences économiques, sociales et politiques.  Le tout sanitaire ou le tout sécuritaire privilégiés aujourd’hui sont inappropriés face à une crise de cette nature. Le tout « utilitariste » ne marchera pas non plus. Nous devons privilégier une approche multisectorielle qui soit la plus inclusive possible en associant toutes les énergies positives de notre pays », explique-t-il. Pour lui, il s’agit de remettre l’humain debout dans toutes les dimensions de sa dignité physiologique, sociale, psychologique, économique et même politique. Ainsi, le comité de gestion et veille sanitaire doit urgemment intégrer ceux qui manquent à l’appel : les professionnels de la santé oubliés voir les alertes de l’ordre des médecins du Tchad et autres professionnels), les représentants des ministères sectoriels touchés (tous les ministères pratiquement) ; les syndicats, la société civile, les leaders associatifs et religieux, les leaders politiques dans toutes leurs sensibilités, les représentants de la diaspora tchadienne. Dans la même veine, organiser des débats  responsables et sans tabou à la télévision et radio nationales pour enrichir par le débat contradictoire, les actions de progrès face à ce virus. « Dans la gestion de cette crise, il y a un apprentissage continu, et il n’y a pas de honte à admettre qu’on ne sait pas, ou qu’on s’est trompé ou qu’on peut faire mieux. Seul un comportement non sectaire et ouvert sincèrement à recevoir les contributions de tous permettra de contrer efficacement cette crise », soutient-il.

Entre autres propositions, selon l’analyse des Transformateurs, il est à adopter une loi d’urgence sanitaire et de survie économique et sociale. Ce qui aura pour objet de limiter dans le temps les actions, de circonscrire les actions et décisions qui pourraient être prises urgemment par le Gouvernement, d’y mettre le prescrit et le proscrit afin d’éviter les abus de liberté dans cette crise qui occasionne la limitation des libertés humaines et constitutionnelles fondamentales.  « Le besoin urgent d’un Consensus d’actions républicaines de progrès : pour que tous les Tchadiens travaillent ensemble à l’avènement d’un Tchad nouveau », précise-t-il.