Abderaman Koulamallah a raté l’occasion de se taire

Juda 12 mai 2024

842 109 2 minutes de lecture

A la suite des réactions des organisations faitières des médias face à l’interdiction aux journalistes, l’accès à l’information sur les victimes de « tirs de joie » dans les structures sanitaires, le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah se lance dans un verbiage sans précédent, mettant de l’huile sur le feu.

« Il est impératif de rappeler aux professionnels des médias que le respect du secret médical est une priorité absolue et qu’il est inacceptable d’autoriser une intrusion de la presse dans les enceintes hospitalières », peut-on lire entre les lignes d’un document signé par le ministre, dit « communiqué de presse ». Soit ! Plus loin, Abderaman Koulamallah, droit dans ses bottes, déclare sans vergogne, à qui veut l’entende, que l’hôpital est avant tout un lieu de soin et de guérison où le bien-être des patients doit être la priorité absolue. Pour lui, seul le Ministère de la Santé publiera un bilan global pour être exploité à des fins d’’informations. En d’autres termes, le journaliste, dans sa rédaction, doit se contenter des informations fournies par le Ministère, qu’elles soient fausses ou vraies ; que les victimes reçoivent des soins ou non, qu’elles meurent par dizaine, par centaine, cela ne regarde pas le journaliste. Sans parler des « bilans erronés », fournis par le Ministère de la santé dans le cadre de la Covid-19 ou de la dengue, il faut simplement dire que Koulamallah a raté l’occasion de se taire. Sinon, comment comprendre qu’un tel délire vienne d’un membre du gouvernement, fut-il ministre de la communication. Il est donc passé à côté de la plaque.

L’hôpital est sacré, oui ; autant l’information l’est. Le « respect du secret médical est une priorité », dit-on. A comprendre que, ce secret commence avec les victimes des tirs de joie et que c’est aujourd’hui que les journalistes s’imprègnent des réalités dans les structures sanitaires. Tout compte fait, c’est une honte pour un ministre de son rang, d’affirmer sans tenir sa langue en bride, qu’il « est inacceptable d’autoriser une intrusion de la presse dans les enceintes hospitalières ». Pitoyable !

Si le ministre de la communication, lui-même ne cerne pas les contours du processus de l’information, que faut-il encore dire à son collègue de la santé qui interdit aux journalistes l’accès aux sources d’information. A dire vrai, Koulamallah n’est pas bien placé pour donner de leçons ou de cours aux journalistes. Cette sortie est ni moins, ni plus une atteinte grave au métier de journaliste, pourtant noble. C’est une barrière à l’accès aux sources d’informations, une manière de cautionner et de voiler les graves violations des droits humains, mais aussi et surtout, un feu vert donné aux bourreaux d’arrêter tout journaliste qui tenterait de recueillir ou de vérifier des informations sur les victimes de tirs de joie. En tout cas, lorsqu’on est « Ministre avec MIDI », ça ne peut que donner ça. Mais, c’est très malheureux pour un pays comme le Tchad qui se dit démocratique. Et dans toutes ces choses, la HAMA, organe « indépendant » de régulation des médias fait sourd d’oreille. Ça va se savoir.

A.C

Ecobank