Pure escroquerie dans le système éducatif

Juda 19 septembre 2023

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Par quelle algorithme, les enseignants réunis lors de la 22^ème édition de la Commission nationale d’affectations et de mutations (CONAM), tenue du 28 au 31 août à N’Djaména, ont résolu de l’augmentation des frais de scolarité dans les établissements publics. Ces enseignants ont proposé pour le collège d’enseignement général, 2500 FCFA pour l’inscription et 5000 par trimestre. Pareil pour les lycées d’enseignement général. Au niveau des lycées techniques, les frais proposés sont les plus élevés : 10.000 FCFA pour l’inscription et 5000 FCFA par trimestre. Soit 25.000 FCFA l’année. Les initiateurs de ce qu’il convient d’appeler escroquerie de haute gamme, encourageraient cette augmentation des frais d’inscription par le soutien aux établissements publics qui éprouveraient des difficultés à fonctionner. Cette bande de filous à qui l’Etat a fait confiance pour redorer le blason de l’école tchadienne, ignore royalement la loi 16 du 13 mars 2006 portant orientation du système éducatif tchadien qui dispose clairement en son article 9 que « l’enseignement public est gratuit ». Ces propositions d’augmentation des frais de scolarité aussi saugrenues soient-elles, sont malheureusement soutenues par le ministre de l’Education nationale, le vieillard Moussa Kadam qui dans sa déclaration à la veille de la rentrée académique 2023-2024, a revu légèrement en baisse ce plan d’escroquerie.

Il est un secret de polichinelle que l’école tchadienne est malade et que sa thérapie nécessite l’implication de tous, y compris des parents d’élèves mais beaucoup plus de l’Etat. Mais, à remettre en cause le pouvoir de l’Etat à restaurer l’école tchadienne pour rejeter la responsabilité aux parents d’élèves qui ne doivent plus payer pour la scolarisation de leurs enfants. C’est la pure comédie que Moussa Kadam et sa bande de responsables d’établissements veulent nous jouer. Les raisons avancées pour l’augmentation des frais de scolarités dans les établissements publics sont toutes, sauf objectives et sérieuses. Farfelues et infondées, ces raisons ne sont juste que des prétextes pour escroquer les pauvres parents d’élèves des établissements publics.

Quoi que l’on dise, un tour dans les écoles publiques nous permet de nous rendre à l’évidence, que ces établissements ne renferment que les progénitures des pauvres qui ne peuvent pas se payer une scolarité dans les écoles privées qui coûtent les yeux de la tête. La majorité d’élèves du public est constituée des enfants des parents démunis dont le revenu journalier ne dépasse guère 1 dollar. Ces élèves se débrouillent souvent eux-mêmes pour payer leurs scolarités. Ces adolescents que nous rencontrons, avec des petits articles dans les maquis et les rues de la citée capitale, sont ceux-là qui envahissent les établissements publics parce que n’ayant pas de moyens pour se payer l’école privée. Dans l’arrière pays, il faut attendre les récoltes pour payer la scolarité. Imaginez le sort de ces enfants avec ces conflits agriculteurs/éleveurs et les perturbations climatiques qui empêchent les bons rendements des travaux champêtres.

Si les enseignants, majoritairement responsables d’établissements, réunis au sein de la CONAM estiment que les recettes à chaque rentrée scolaire sont insuffisantes pour réaliser les activités scolaires, certains parents et autres chargés de cours, se posent la question de savoir la destination que prennent les frais qu’ils versent chaque année pour l’éducation de leurs enfants. Surtout que les établissements de nos jours, sont remplis d’enseignants emmargeant sur le budget de l’Etat et que les tables bancs et autres, sont l’œuvre des Bonnes volontés et des projets structurants. Evidemment, il ne fait aucun doute, que les proviseurs, directeurs de CEG avec la complicité du bureau de l’Association des parents d’élèves, détournent allègrement les frais d’inscription sans que cela n’émeuve personne. Déjà avec cette gratuité reconnue par la loi 16 du 13 mars 2006, les responsables d’établissements escroquent les parents jusqu’à vingt mille par élève durant l’année, augmenter à dix-sept mille, c’est leur donner la chance d’extorquer au quadruple les pauvres parents et élèves. En toute franchise, le problème à résoudre reste l’assainissement des régies des établissements pour que les recettes servent effectivement aux établissements et non aux individus qui veulent vivre au-delà de leurs moyens.

Ne nous faisons pas d’illusions. Rehausser le niveau des élèves dans le public n’est pas question du taux de scolarisation, mais plutôt du sérieux que l’Etat accordera à l’éducation de ses filles et fils. Les solutions de l’école tchadienne, Moussa Kadam les connait bien et ce n’est pas au crépuscule de sa vie qu’il commettra cette bêtise de signer l’arrêt de mort de notre école. Il faut impérativement résoudre le problème de la pléthore dans les écoles publiques, enrayer la corruption dans nos écoles qui favorise le passage en classe supérieure des médiocres, améliorer le statut de l’enseignant et surtout mettre fin à la politisation de l’école tchadienne. Aujourd’hui, nul n’ignore que la plupart des responsable d’établissements sont nommés, non pas à cause de leurs compétences, mais surtout à cause de leur appartenance politique, religieuse ou ethnique. Ce qui reste un cancer pour l’école tchadienne. Et ces maux, l’enfant des prêtres Victor Moussa Kadam le sait. Il ne sert à rien de jouer au dilatoire ou d’amuser la galerie, tentant désespérément de faire des parents, les suppléants de l’Etat dans le financement de l’Education. Déjà avec 2500 FCFA, nombre de parents n’ont pas pu envoyer leurs progénitures à l’école et le taux de scolarisation au Tchad figure parmi les plus faibles au monde. Il ne sert à rien d’aggraver la situation en renforçant le rang des exclus du système éducatif.

Shalom !

Juda Allahondoum

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