Éditorial

Editorial : Halte aux bavures des forces de l’ordre

Depuis le 19 mars dernier, le coronavirus a imposé aux Tchadiens de nouveaux modes de vie, limitant ainsi leur mobilité dans toutes les provinces du pays. De la fermeture des établissements scolaires au couvre-feu en passant par l’interdiction de voyager, la fermeture des restaurants et de certains commerces, tout a consisté à confiner les Tchadiens en vue de limiter la propagation du maudit virus de corona. Quoi que salutaires, les mesures prises par les autorités tchadiennes, à les analyser de près, relèvent plus de l’affairisme organisé plutôt que de l’engagement des décideurs à sauver les Tchadiens de cette maladie qui tue quotidiennement par milliers hommes et femme, sous d’autres cieux. Car, il faut le constater pour le regretter, que tout est entre les mains des forces de l’ordre comme si le virus made in China en question, a peur de nos policiers, militaires ou gendarmes. Ces hommes en treillis, mobilisés pour le besoin de la cause, ont trouvé en ce virus, l’occasion en or de se replonger dans les périodes sombres de notre pays, où ils régnaient en maîtres absolus dans nos villes et campagnes.

Rien qu’à suivre les éditions des radios FM de la capitale ou à parcourir les colonnes de certains journaux, on se rend compte des bavures quotidiennes des forces de l’ordre, censés aider la population à s’approprier les mesures de prévention édictées par le gouvernement pour combattre le covid-19. Il suffit aussi de faire un tour au niveau des frontières pour se rendre compte de toutes les bavures de nos forces de l’ordre, qui laissent entrer sur notre sol, des individus potentiellement malade contre espèces sonnantes et trébuchantes.  Et la trouvaille pour ces forces de l’ordre, reste le fameux couvre-feu, qu’ils comprennent mieux dans son sens militaire alors que nous sommes ici dans un contexte intégralement sanitaire et social. Et dans ce contexte, un travail psychologique demeure primordial pour ne pas que les populations déjà stressées, ne succombent avant même que le virus ne les atteigne. Il y a lieu d’inculquer dans la tête de ces forces de l’ordre que leur mission n’est pas de fouetter,  mois encore de torturer les populations pendant cette période, mais plutôt de les aider psychologiquement à faire face à la pandémie. Et ce travail psychologique doit être accompagné d’une assistance sociale conséquente aux personnes vulnérables qui ne peuvent sortir de chez eux,  à la recherche de leurs pitances.  

Alors qu’il avait annoncé tambour battant, le 14 avril dernier des mesures d’accompagnement pour faire face aux effets dommageables des décisions prises pour limiter la propagation du virus, le chef de l’Etat Idriss Déby semble totalement ignorer les réalités de son régime, caractérisé par les détournements et le vol à ciel ouvert des richesses du pays. Depuis plus d’un mois,  combien sont ces pauvres dames  qui meurent silencieusement de faim, parce que ne pouvant sortir de chez elles pour exercer ce petit commerce qui leur donnait leurs pitances au quotidien. Combien sont alors ces jeunes débrouillards à qui le régime a tout ôté,  sauf le droit de chercher son pain dans la rue mais qui se trouvent coincés entre les murs de leurs chambre ? Combien sont-ils encore ces enfants qui n’attendent que le retour de leur maman du marché pour espérer avoir une tasse de bouillie le soir. La liste est longue.

L’assistance sociale annoncée par Déby tarde à venir et personne ne sait si elle viendra ou non, connaissant le mode opératoire des charognards qui gravitent autour du palais rose. Il est à redouter fortement que les sacs de céréales promis par le chef de l’Etat, ne parviennent pas  aux démunis au sens vrai du terme.  Déjà que le don de la Fondation grand cœur aux vulnérables des dix arrondissements fait l’objet de détournement ou est distribué sur les critères bassement clientélistes, il n’y a plus espoir pour les vulnérables que de se tourner vers DIEU qui jusqu’à là, a encore pitié de ses pauvres enfants du Tchad.

Le fond du mortier se noircit de plus en plus, et il faut agir maintenant pour éviter que le peuple affamé, ne puisse pas avoir d’oreille aux décisions de trop, du gouvernement dans la lutte contre le Covid-19.

Shalom     

Juda Allahondoum

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Juda

Journaliste professionnel, patron de presse, éditorialiste.

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